Dossier week-end coaching : Naviguer mieux, profiter plus ! (Voile Magazine, Mai 2021)
Par Voile Magazine,
Publié le 15/04/2021
Naviguer mieux, profiter plus !
Que l’on soit débutant ou confirmé, une session de remise à niveau sous la houlette d’un coach nautique ne peut pas faire de mal. Surtout quand il s’agit de remettre toute la Famille sur l’eau !
L’HIVER A ETE LONG, la crise sanitaire et ses triodes confinées sont passées par là. Rien d’étonnant à ce qu’on se sente un peu rouillé. Et si des jours meilleurs se profilent, c’est peut-être le moment ou jamais de se remettre niveau avec l’aide d’un(e) skipper pro qui a fait de la pédagogie sa spécialité sous l’appellation, désormais validée par la Fédération française de voile, de coach croisière. Parce que quel que soit votre niveau, il n’y a rien d’infâmant à retourner un peu à l’école : c’est le principe de la formation continue ! Si vous êtes débutant, cela coule de source : bâtissez votre apprentissage sur des bases saines. Si vous êtes un équipier occasionnel, plus passager que marin patenté, il peut suffire de quelques heures de coaching pour changer de statut. Puis mettre le cap sur l’autonomie, pourquoi pas ? Si enfin vous prenez déjà le rôle de chef de bord, en famille ou entre copains, le coaching est précisément l’occasion de remettre à plat des manœuvres où chacun aura sa place et son rôle, avec l’aide d’une autorité extérieure — le coach — dont la légitimité est reconnue par tous. Où que nous pensions nous situer dans cet éventail des compétences nautiques, reconnaissons que notre bagage est souvent un assemblage d’expériences vécues, lues et entendues, mais aussi de croyances ou de principes parfois datés. S’offrir un coaching, c’est accepter de remettre à jour et au clair ces connaissances disparates, tout en les complétant d’astuces de manœuvre et de nouvelles notions. C’est aussi l’occasion de mettre tout le monde d’accord autour d’un certain nombre de règles de sécurité, de manœuvres claires dans leur préparation et leur déroulement. De bon augure pour la paix des ménages… Mais ce travail important, souvent réjouissant, est impossible à réussir sans une aide extérieure. Comme nous détestons nous en tenir à la théorie — on ne se refait pas —, nous avons suivi Agathe, Grégoire, Antonin et Myrtille dans leur journée de coaching avec Flavia Faggiana, skipper indépendante mais proche de l’agence marseillaise SailEazy qui s’emploie développer son offre de formation en cycles courts (voir encadrés). Nous voilà donc embarqués sur le Pogo 36 de SailEazy pour ce coaching qui n’a duré qu’une journée mais pourrait bien se prolonger sur un ou deux week-ends. D’une part parce que la famille a adoré l’expérience, et d’autre part parce l’objectif des parents est l’autonomie en croisière… et qu’ils n’y sont pas encore. Car si Agathe et Grégoire ont un peu navigué, ils ont trop souvent été cantonnés au rôle de passagers. Leur niveau reflète ce parcours nautique aléatoire.
PRISE DE RESPONSABILITE
Aujourd’hui, la première chose qui va changer, c’est leur position à bord. A eux la barre, et ce dès la première manœuvre. Sous la houlette de Flavia, ils vont enfin goûter à la prise de responsabilité, à la satisfaction de comprendre et à la fierté de la manœuvre réussie. Au-delà des connaissances proprement dites, l’objectif est de prendre confiance I Première épreuve, pas la plus simple : s’extraire de la place de port un peu étroite pour la carène de notre Pogo sans prendre les pendilles voisines dans les safrans, puis pivoter sans inertie dans la panne – non moins étroite – pour nous diriger vers la sortie. Agathe a bravement lancé la manœuvre à la barre, et si elle a dû demander de l’aide à Flavia, elle a parfaitement intégré l’importance des amarres au vent, celles qu’on largue en dernier, et remarqué l’importance de l’effet de pas, que Flavia met à profit pour pivoter sur place avec une succession de courte marche avant-marche arrière. Deuxième étape, après le rangement des aussières et pare-battage dans le coffre arrière, l’envoi de la grand-voile dans l’avant-port. Se tenir face au vent, avec juste assez de gaz pour rester manœuvrant, elle tâtonne et comprend tandis que ses enfants reprennent à la volée. Pas question de cantonner aux seconds rôles Myrtille, 9 ans et Antonin, 11 ans. Flavia n’hésite absolument pas à donner d’emblée une réelle responsabilité à chacun. Et ça marche ! Grégoire donne le dernier coup de manivelle pour étarquer la voile, et nous voilà en route, moteur coupé. Quitte à envoyer la grand-voile, Flavia a tout de suite abordé et fait pratiquer à l’équipage la réduction de voilure.
LA TOILE DU TEMPS, VOIRE UN PEU MOINS
D’abord parce que la toile du temps, c’est essentiel pour naviguer en autonomie. Ensuite parce que pour cette journée d’apprentissage, naviguer légèrement sous-toilés va nous permettre de manœuvrer sans pression, de tout essayer et de faire des erreurs sans conséquences. Pas complètement sous-toilés bien entendu, car il faut que les réactions du bateau soit sensibles, sa vitesse réjouissante. De ce point de vue, le Pogo 36 est un bon bateau-école il donne d’emblée des sensations, du plaisir, et pardonne bien des erreurs. Et du coup, Flavia peut sans risque appliquer sa ligne pédagogique favorite : faire pour comprendre. Quand un stagiaire, enfant ou adulte l’interroge sur le mode « A quoi ça sert, ce bout ? Ça fait quoi si je tire dessus ? », sa réponse est invariable « Essaye, on verra ! » … Et on voit, on constate, on apprend bien mieux que sur tableau noir. La pédagogie est un peu plus directive quand on aborde des manœuvres spécifiques comme l’empannage, qui suppose de gérer la puissance de la grand-voile quand elle change de bord. Le genre de manœuvre qu’il faut répéter pour prendre le bon timing… et la confiance, toujours. On s’essaye à la volée, puis en ramenant la grand-voile au centre pour limiter sa course. C’est mieux, mais on peut améliorer la coordination barreur/ grand-voile on refait, encore une fois… la troisième est la bonne. Idem pour les manœuvres de port au moteur, la bête noire de la plupart des débutants. Pour les travailler, nous bénéficions d’un terrain de jeu idéal : le port du Frioul, son large plan d’eau, ses pontons diversement orientés, ses corps-morts et autres pendilles. On ne pourra pas tout faire aujourd’hui, mais on pourra expérimenter les fondamentaux, ressentir l’effet de pas, s’essayer au départ sur garde. Comprendre, plus généralement, comment on peut stabiliser ou redresser le bateau avec une aussière à quai et un moteur embrayé. Une fois acquis, ce sont des principes de manœuvre qui servent pendant toute une vie de plaisancier, c’est ce qu’il faut garder à l’esprit quand on investit dans un coaching. Évidemment ce n’est pas donné, mais c’est de l’argent placé dans la sécurité, la sérénité, et dans le plaisir de naviguer pour tout l’équipage, du chef de bord au plus jeune des mousses.
ILS ET ELLES ONT DIT…
MYRTILLE, 9 ANS
« Ce que j’ai préféré, c’est prendre la barre, j’adore. J’aimerais bien aussi partir plusieurs jours, manger et dormir sur le bateau ! »
AGATHE, LA MERE
« Le coaching est top. Rien à voir avec une sortie entre amis où on se laisse porter par ceux qui savent Là, on est acteurs, on apprend, on pratique vraiment. On a vraiment envie de continuer, de gagner notre autonomie ! »
FLAVIA, LA COACH
« Grégoire et Agathe sont conscients des risques, ils pensent sécurité de façon innée et ont déjà quelques bons réflexes ! Reste à travailler les manœuvres de port, peut-être envisager un weekend de stage complet incluant une nuit au mouillage. L’autonomie ? Ce sera à eux de dire quand ils le sentent. »
ANTONIN, 77 ANS
« J’avais déjà fait du Hobie Cat mais le gros bateau c’est différent, on fait plus de choses ensemble. A la fin j’avais un peu froid, mais j’ai vraiment envie de recommencer ! »
SAILEAZY, LE LOUEUR FORMATEUR.
L’aventure de SailEazy a commencé à Marseille, où Grégoire Guignon a eu l’idée d’une flotte de location en libre-service, disponible à la réservation en quelques secondes sur l’appli, pour une heure ou une semaine. Aujourd’hui, la flotte SailEazy (Pogo, RM, Ofcet 32, MMW 33, Tricat 30…) est repartie sur plusieurs bases dans le Sud mis aussi dans l’Ouest (voir p48 et 50). Le réseau SailEazy enrichit en outre son offre de formation des chefs de bord et des équipiers via plusieurs types de stages. Aux Semaines embarquées dédiées à la découverte de la croisière hauturière (autour de 600€ la semaine, par personne) s’ajoutent désormais les sessions dites « micro-cycles ». Dédiées soit à la régate, en préparation d’un événement particulier, soit à la croisière, il s’agit de deux ou trois sessions d’une journée ou demi-journée, réparties sur un mois maximum. Ces sessions sont assurées par des skippers indépendants comme Flavia, ou par les cadres de SailEazy titulaires d’un BE Voile. Le planning et les tarifs détaillés sont sur le site saileazy.com, onglet Agenda.
FLAVIA FAGGIANA, LA VOILE POUR LA VIE !
Flavia a fait de la voile son métier parce qu’elle adore naviguer, c’est parfaitement clair. Mais aussi parce qu’elle considère la navigation comme une école de vie qui rime avec responsabilité, accomplissement, nature… Bref, un formidable levier de développement personnel qu’elle entend utiliser dans le cadre de coachings au sens large, professionnels ou personnels. Naviguer pour prendre ou reprendre confiance, pour trouver sa place dans un groupe, une famille… C’est aussi cela, la voile. Et ça coule de source avec cette formatrice diplômée qui a le don de vous donner les manettes sans jamais vous mettre la pression…